La parentalité positive c’est un “style” de parentalité, un concept éducatif qui s’articule autour du respect, la bienveillance et l’écoute des enfants. Tout en permettant aux parents de s’écouter et de travailler sur eux-mêmes pour identifier ce qui déclenchent leurs réactions face à certains comportements de leurs enfants. Il est souvent dit, à tord, que cela sous-entend de ne pas utiliser la négation, de ne pas dire non ou d’interdire des choses à l’enfant. En réalité la parentalité positive propose de se concentrer davantage sur les forces et les compétences des enfants, plutôt que sur leurs défauts et leurs erreurs. Ces derniers doivent permettre d’apprendre, de comprendre pour grandir. L’objectif, si l’on doit en préciser un, reste d’éduquer les enfants à devenir des individus responsables et autonomes, plutôt qu’à les contrôler ou à les punir.
Aujourd’hui, la parentalité positive connait un essor considérable en France, avec notamment les positions d’auteurs, de personnalités publiques & des pouvoirs publics.
D’où vient la parentalité positive ? Petit historique.
Les premières références à la parentalité positive remontent au début du XXe siècle. Le pédagogue allemand Alfred Adler est l’un des premiers à mettre en avant l’importance de la relation entre parents et enfants. Il prône une éducation basée sur la confiance et la coopération, plutôt que sur l’autorité et la domination.
Dans les années 1970, les travaux du psychologue américain John Bowlby sur l’attachement viennent confirmer les théories d’Adler. Bowlby montre que les enfants ont besoin d’une relation d’attachement sécurisante avec leurs parents pour se développer de manière harmonieuse. Dans les années 1980, le pédagogue américain Thomas Gordon développe la communication non violente (connu sous l’abréviation CNV), une approche de communication efficace qui peut être utilisée dans la relation parent-enfant.
En France, la parentalité positive commence à se développer dans les années 1990. Plusieurs auteurs et personnalités s’engagent pour promouvoir ce concept, notamment Isabelle Filliozat, Catherine Gueguen et Céline Alvarez. D’autres viendront contre-dire, rectifier ou compléter les écrits et prises de parole de certains auteurs cités précédemment, notamment Caroline Goldman ou Didier Pleu.
La famille parfaite grâce à la parentalité positive ? – Adobe Stock
La parentalité positive et la science
Des organismes publiques, privées, jusqu’aux universités, réalisent des études qui sont utilisées par ceux qui défendent et ceux qui s’opposent à la parentalité positive. Les neurosciences ont changé la façon de considérer nos actions éducatives. Selon les auteurs et professionnels de l’enfance et ceux de la relation, ces études ont montré comment nos interactions d’adultes peuvent impacter le développement de leurs cerveaux.
Pour l’instant, il y a encore peu d’études sur les résultats de la parentalité positive (disponibles en ligne & consultables) au quotidien.
En revanche d’autres études mettent en évidence l’impact des violences éducative ordinaire (comprendre ici les punitions, menaces, fessées, contraintes et manipulations psychologiques ou encore les châtiments corporels) :
- Les souffrances causées par la violence éducative, qu’elle soit physique ou mentale, peuvent engendrer des névroses ultérieures et entraver les mécanismes d’apprentissage dans de nombreux cas. Consulter la source sur le site du Cairn : cliquer ici
- Une étude sur les effets de la maltraitance et les abus sur les enfants. L’étude est disponible en anglais : consulter l’étude originale
- La maltraitance infantile, prévalente chez 10 à 15% des individus dans les sociétés occidentales, est associée à un risque accru de troubles psychiatriques. La méthylation de l’ADN apparaît comme un médiateur crucial des expériences de la petite enfance, maintenant des séquelles neurobiologiques à long terme de la maltraitance infantile et déterminant fortement le risque psychopathologique. Pour retrouver l’étude : cliquer ici.
- Enfin, comparativement aux enfants ayant reçu une éducation empathique et positive, ceux exposés à une éducation punitive ont tendance à être plus insensibles, durs et à recourir aux mensonges. La source est un article rédigé sur le site de Psychologue.net, qui lui-même cite plusieurs articles intéressants. Vous pourrez le lire après avoir terminé celui-ci en cliquant ici
Parmi les opposants à certaines approches et techniques occupant une place médiatique en France : Caroline Goldman. Psychologue, elle défend la place de la psychanalyse dans l’éducation et propose une une approche plus stricte permettant des actions comme l’exclusion temporaire (la pratique du Time Out notamment). Bien que ce soit le principal point de désaccord, elle s’oppose également à d’autres techniques et approches de la parentalité positive
Les violences éducatives ordinaires : qu’est-ce que c’est ?
La principale différence entre la parentalité positive et la parentalité que l’on va dire plus “classique” est l’exclusion totale de forme de violence dans l’éducation. Ces violences appelées violences éducatives ordinaires (VEO) sont au cœur des débats. Les VEO sont, telles que définies par l’association Stop VEO :
- Les punitions (exclusion notamment, dont la pratique du Time Out)
- Les violences psychologiques (faire du chantage, priver d’affection…) et physiques (la fessée, les coups et autres violences physique visant à “éduquer” l’enfant comme secouer l’enfant, les petites tapes etc.)
- Les violences verbales (crier, insulter, humilier…)
Ces violences éducatives ordinaires souvent perpétrées sous le couvert de l’éducation, sont employées pour faire obéir l’enfant et changer un comportement. Elles peuvent pourtant avoir des conséquences durables et néfastes sur le bien-être et le développement des enfants.
Changer nos habitudes et notre approche de l’éducation cela représente des changements majeurs pour les parents. Ces VEO étant généralement transmises de génération en génération et étant profondément ancrées dans la société française.
La parentalité positive et la loi française
La parentalité positive, que l’on soit complètement convaincu ou que l’on ne récupère que ce qui nous intéresse (c’est aussi ça la vie de parent, nous faisons comme nous pouvons !) est probablement l’approche la plus pertinente à un changement social en France : l’interdiction des châtiments corporels & psychologiques dans l’exercice de l’autorité parentale.
Pour faire simple, voici le texte de loi (disponible intégralement et librement en cliquant ici) :
- Article 1 : après le deuxième alinéa de l’article 371-1 du code civil, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques. » - Article 2 : au deuxième alinéa de l’article L. 421-14 du code de l’action sociale et des familles, après le mot : « secourisme », sont insérés les mots : «, à la prévention des violences éducatives ordinaires ».
- Article 3 : le Gouvernement remet au Parlement, avant le 1er septembre 2019, un rapport présentant un état des lieux des violences éducatives en France et évaluant les besoins et moyens nécessaires au renforcement de la politique de sensibilisation, d’accompagnement et de soutien à la parentalité à destination des parents ainsi que de formation des professionnels concernés.
La présente loi sera exécutée comme loi de l’État.
Cette loi a été saluée par les personnalités du monde de la parentalité positive, elle représente une première étape nécessaire dans le changement des mentalités en France.
Les techniques de la parentalité positive
La parentalité positive s’oppose donc à toutes formes de violences éducatives ordinaires qu’elles soient physiques ou verbales. Il n’est pas question de dire oui à toutes les demandes, mais d’affirmer un cadre ou des limites (selon le vocabulaire de chaque personnalités ce dernier peut changer). Dans ce cas l’enfant se retrouvera face à un adulte empathique, à l’écoute des émotions et s’exprimant en se mettant à la hauteur de l’enfant. Tout cela en étant capable d’assurer la sécurité et de refuser des demandes qu’il jugera dangereuses ou inadéquates.
Parmi les techniques plébiscitées par la parentalité positive :
Écoute active : lorsqu’un enfant exprime sa colère, il est important de l’écouter sans interruption, reflétant l’essence de l’écoute active. Par exemple : lorsqu’un enfant est en colère dans un magasin, le parent peut le prendre dans les bras pour le calmer (lorsque l’enfant est d’accord, sinon vous pouvez lui montrer que vous êtes disponible et à l’écoute, il permettra le contact quand il sera prêt) et essayer de comprendre la source de son irritation est un moyen de pratiquer l’écoute active.
Communication non violente : abrégée CNV, elle peut être mise en pratique en formulant des instructions de manière positive. Par exemple, au lieu de dire “Ne saute pas dans la flaque d’eau”, dire “Évite la flaque d’eau” est un moyen d’exprimer des directives de manière non violente et positive.
Encouragement : l‘encouragement peut se manifester en aidant les enfants à surmonter leur anxiété et à visualiser des solutions, ou encore aider un enfant anxieux à visualiser et à naviguer à travers un événement stressant est un moyen de l’encourager. Vous pouvez aussi souligner les efforts réalisés lors d’une activité plutôt qu’uniquement la finalité.
Coopération : la coopération peut prendre plusieurs formes dans l’éducation et dans la vie de famille. Nous pouvons impliquer l’enfant dans la résolution de problèmes (c’est aussi une manière de le responsabiliser, en réparant ses erreurs lorsqu’il casse quelque chose ou renverse de l’eau etc. Attention dans ce cas précis, la réparation doit rester cohérente et dans la limite d’être sans danger pour l’enfant). L’exemple pour la coopération serait de lui permettre d’exprimer ce qu’il ressent et à chercher des solutions ensemble lorsqu’il est confronté à l’anxiété ou l’impossibilité d’exécuter une action.
La parentalité positive : on l’adopte ou pas ?
Plusieurs positions médiatiques, des études qui permettent d’affirmer l’utilité d’une éducation non-violente, basée sur l’empathie, l’écoute, la coopération… Même une loi qui, si elle ne cite pas d’approche particulière, convient en tout point à une éducation sans violence comme celle promut par la parentalité positive.
Pourtant la réalité du terrain est souvent complexe. Alors notre réponse est un peu comme notre site Calepin Parentalité : nous proposons des sources d’informations et des contenus pour vous permettre de découvrir, de vous aider à comprendre : puis vous choisissez ce que vous pouvez et voulez mettre en place. Parce que chaque parent a besoin d’information, d’écoute et de soutien avant de pouvoir agir dans sa famille.
La parentalité positive demande aux parents une capacité et du temps d’écoute, de la disponibilité : des choses qui souvent font défauts dans notre société. Cela peut demander dans des cas plus complexes de l’adaptation à ses propres réactions, et le mieux : un travail sur soi.
Tout le monde aspire à une relation zen, agréable du moins avec ses enfants. Alors il existe plusieurs possibilités pour y arriver : des livres de différents auteurs et professionnels (Isabelle Filliozat, Caroline Goldman, Catherine Gueguen, Beatrice Kammerer, Héloïse Junier…) pour vous faire votre propre idée, des vidéos gratuites & payantes (conférences, interviews, questions / réponses avec les parents…), des ateliers de parentalité avec des professionnels formé.e.s, des groupes de parents ou encore des consultations avec des professionnels de santé (psychologue, coach parental, psychopraticien, psychothérapeute…).
Bref, notre travail sera de vous permettre d’avoir un petit calepin avec des informations pertinentes. En attendant, cet article sera mis à jour, corrigé ou augmenté en fonction de vos retours et des informations de sources fiables que nous aurons.