La fessée est encore bien ancrée dans l’éducation en France (et dans d’autres pays du monde). Pourtant interdite par la loi, elle reste un dernier recours pour les parents afin de se faire obéir. Dans cet article qui se veut pratique, nous vous proposons des alternatives non-violentes à la fessée. L’objectif étant de permettre aux parents et aux enfants de connaitre une relation basée sur la confiance, la communication et le respect.
Vous trouverez dans cet article des éléments de la communication non-violente, quelques principes de la parentalité positive et du bon sens.
La fessée dans l’éducation : une histoire qui dure en France
La fessée a longtemps été considérée comme un outil d’éducation efficace en France. Elle fait (ou faisait, une nouvelle génération de parents s’intéressant à d’autres moyens d’éduquer sans violence) partie des outils couramment utilisés pour obtenir de la discipline ou une obéissance chez l’enfant.
Il est encore courant d’entendre que la fessée “ne m’a pas tué” ou qu’elle “a fait de moi quelqu’un de bien”. La fessée est considérée comme un moyen de “former” un enfant et lui inculquer de la discipline, de la rigueur pour sa future vie d’adulte.
Au siècle des Lumières (XVIIIème siècle) des voix commencent à s’élever contre les punitions corporelles. Des philosophes comme Jean-Jacques Rousseau dans “L’Emile ou de l’éducation” remettent en question les méthodes traditionnelles de l’éducation. Sera alors prônée une approche plus douce et respectueuse de l’enfant.
Au XXème siècle la fessée est encore une méthode éducative courante, pourtant controversée. Beaucoup de parents et certains professionnels de l’éducation la considèrent encore comme sans conséquence. Des recherches en psychologie et en pédagogie mettent progressivement en lumière l’impact des violences éducatives sur le développement de l’enfant.
La fessée interdite par la loi française
Enfin, c’est en 2019 (adoption du texte sans modification en 1ère lecture par le Sénat le 2 juillet 2019) que la France adopte une loi de protection de l’enfance. Cette interdiction est une réponse à un changement de regard sur l’éducation et des débats que cela génèrent médiatiquement. La France rejoindra donc une liste croissante de pays interdisant officiellement les violences éducatives ordinaires, dont la fessée, en adoptant une loi relative à la protection de l’enfant.
Si les études sur les conséquences des violences éducatives ordinaires vous intéressent, petite sélection tirée de l’article sur la parentalité positive :
- Les souffrances causées par la violence éducative, qu’elle soit physique ou mentale, peuvent engendrer des névroses ultérieures et entraver les mécanismes d’apprentissage dans de nombreux cas. Consulter la source sur le site du Cairn : cliquer ici
- Une étude sur les effets de la maltraitance et les abus sur les enfants. L’étude est disponible en anglais : consulter l’étude originale
- La maltraitance infantile, prévalente chez 10 à 15% des individus dans les sociétés occidentales, est associée à un risque accru de troubles psychiatriques. La méthylation de l’ADN apparaît comme un médiateur crucial des expériences de la petite enfance, maintenant des séquelles neurobiologiques à long terme de la maltraitance infantile et déterminant fortement le risque psychopathologique. Pour retrouver l’étude : cliquer ici.
- Enfin, comparativement aux enfants ayant reçu une éducation empathique et positive, ceux exposés à une éducation punitive ont tendance à être plus insensibles, durs et à recourir aux mensonges. La source est un article rédigé sur le site de Psychologue.net, qui lui-même cite plusieurs articles intéressants. Vous pourrez le lire après avoir terminé celui-ci en cliquant ici
Quelles alternatives non-violentes à la fessée ?
- La communication (essentiellement non-violente)
Dans la relation avec les enfants (et entre adultes aussi) la communication est un pilier. Ecouter, comprendre et être empathique avec l’autre. Elle est essentielle pour comprendre la nature des actions d’autrui. Cela implique :
- L’échange avec la discussion : la possibilité de parler, d’échanger sur les comportements, les ressentis de chacun. En communication non-violente on évitera d’accuser directement la personne.
- L’expression des émotions : c’est l’ouverture aux réactions émotionnelles. Permettre aux enfants de ressentir, d’exprimer leurs émotions. Cela peut permettre de mettre des mots sur ce qu’il vit, permettre au parent de comprendre, d’entrer en empathie. L’ouverture aux émotions permet aux enfants de développer des compétences sociales également.
- Expliquer, informer : c’est aussi simple que cela ! Mettre des mots simples sur une situation, sur des conséquences d’une action. C’est permettre aux enfants d’explorer et de verbaliser ce qu’ils ressentent et de découvrir ce que d’autres ressentent vis-à-vis de comportements qu’ils peuvent avoir.
- La redirection (ou proposer des choix) : c’est une technique efficace sur les jeunes enfants (et parfois dans vos relations). Parmi les exemples que nous pouvons vous proposer :
- Proposer des activités alternatives lorsqu’un comportement d’enfant est “indésirable” ou inadaptée.
- Encourager l’enfant à se concentrer sur une tâche différente qui pourrait d’abord détourner son attention du comportement qui est problématique.
- La conséquence ou la réparation des actions :
- Cela peut-être de demander à l’enfant de réparer un dommage qu’il aurait causé. Par exemple essuyer l’eau qui serait tombée par terre quand il a cassé le verre ou quand il a envoyé le ballon dans l’arrosoir…
- Les règles et / ou le cadre :
- Définir un cadre dans lequel l’enfant peut évoluer. Le clarifier avec des explications claires et concises.
- Cela pourrait être également des règles. Par exemple : énoncer des règles de vie en famille.
La parentalité positive et la loi française
La parentalité positive, que l’on soit complètement convaincu ou que l’on ne récupère que ce qui nous intéresse (c’est aussi ça la vie de parent, nous faisons comme nous pouvons !) est probablement l’approche la plus pertinente à un changement social en France : l’interdiction des châtiments corporels & psychologiques dans l’exercice de l’autorité parentale.
Pour faire simple, voici le texte de loi (disponible intégralement et librement en cliquant ici) :
- Article 1 : après le deuxième alinéa de l’article 371-1 du code civil, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques. » - Article 2 : au deuxième alinéa de l’article L. 421-14 du code de l’action sociale et des familles, après le mot : « secourisme », sont insérés les mots : «, à la prévention des violences éducatives ordinaires ».
- Article 3 : le Gouvernement remet au Parlement, avant le 1er septembre 2019, un rapport présentant un état des lieux des violences éducatives en France et évaluant les besoins et moyens nécessaires au renforcement de la politique de sensibilisation, d’accompagnement et de soutien à la parentalité à destination des parents ainsi que de formation des professionnels concernés.
La présente loi sera exécutée comme loi de l’État.
Cette loi a été saluée par les personnalités du monde de la parentalité positive, elle représente une première étape nécessaire dans le changement des mentalités en France.
Les techniques de la parentalité positive
La parentalité positive s’oppose donc à toutes formes de violences éducatives ordinaires qu’elles soient physiques ou verbales. Il n’est pas question de dire oui à toutes les demandes, mais d’affirmer un cadre ou des limites (selon le vocabulaire de chaque personnalités ce dernier peut changer). Dans ce cas l’enfant se retrouvera face à un adulte empathique, à l’écoute des émotions et s’exprimant en se mettant à la hauteur de l’enfant. Tout cela en étant capable d’assurer la sécurité et de refuser des demandes qu’il jugera dangereuses ou inadéquates.
Parmi les techniques plébiscitées par la parentalité positive :
Écoute active : lorsqu’un enfant exprime sa colère, il est important de l’écouter sans interruption, reflétant l’essence de l’écoute active. Par exemple : lorsqu’un enfant est en colère dans un magasin, le parent peut le prendre dans les bras pour le calmer (lorsque l’enfant est d’accord, sinon vous pouvez lui montrer que vous êtes disponible et à l’écoute, il permettra le contact quand il sera prêt) et essayer de comprendre la source de son irritation est un moyen de pratiquer l’écoute active.
Communication non violente : abrégée CNV, elle peut être mise en pratique en formulant des instructions de manière positive. Par exemple, au lieu de dire “Ne saute pas dans la flaque d’eau”, dire “Évite la flaque d’eau” est un moyen d’exprimer des directives de manière non violente et positive.
Encouragement : l‘encouragement peut se manifester en aidant les enfants à surmonter leur anxiété et à visualiser des solutions, ou encore aider un enfant anxieux à visualiser et à naviguer à travers un événement stressant est un moyen de l’encourager. Vous pouvez aussi souligner les efforts réalisés lors d’une activité plutôt qu’uniquement la finalité.
Coopération : la coopération peut prendre plusieurs formes dans l’éducation et dans la vie de famille. Nous pouvons impliquer l’enfant dans la résolution de problèmes (c’est aussi une manière de le responsabiliser, en réparant ses erreurs lorsqu’il casse quelque chose ou renverse de l’eau etc. Attention dans ce cas précis, la réparation doit rester cohérente et dans la limite d’être sans danger pour l’enfant). L’exemple pour la coopération serait de lui permettre d’exprimer ce qu’il ressent et à chercher des solutions ensemble lorsqu’il est confronté à l’anxiété ou l’impossibilité d’exécuter une action.
La parentalité positive : on l’adopte ou pas ?
Plusieurs positions médiatiques, des études qui permettent d’affirmer l’utilité d’une éducation non-violente, basée sur l’empathie, l’écoute, la coopération… Même une loi qui, si elle ne cite pas d’approche particulière, convient en tout point à une éducation sans violence comme celle promut par la parentalité positive.
Pourtant la réalité du terrain est souvent complexe. Alors notre réponse est un peu comme notre site Calepin Parentalité : nous proposons des sources d’informations et des contenus pour vous permettre de découvrir, de vous aider à comprendre : puis vous choisissez ce que vous pouvez et voulez mettre en place. Parce que chaque parent a besoin d’information, d’écoute et de soutien avant de pouvoir agir dans sa famille.
La parentalité positive demande aux parents une capacité et du temps d’écoute, de la disponibilité : des choses qui souvent font défauts dans notre société. Cela peut demander dans des cas plus complexes de l’adaptation à ses propres réactions, et le mieux : un travail sur soi.
Tout le monde aspire à une relation zen, agréable du moins avec ses enfants. Alors il existe plusieurs possibilités pour y arriver : des livres de différents auteurs et professionnels (Isabelle Filliozat, Caroline Goldman, Catherine Gueguen, Beatrice Kammerer, Héloïse Junier…) pour vous faire votre propre idée, des vidéos gratuites & payantes (conférences, interviews, questions / réponses avec les parents…), des ateliers de parentalité avec des professionnels formé.e.s, des groupes de parents ou encore des consultations avec des professionnels de santé (psychologue, coach parental, psychopraticien, psychothérapeute…).
Bref, notre travail sera de vous permettre d’avoir un petit calepin avec des informations pertinentes. En attendant, cet article sera mis à jour, corrigé ou augmenté en fonction de vos retours et des informations de sources fiables que nous aurons.